Dans le bloc ,aussi,(ça m'amuse ça m'amuse ça m'amuse....)il y a moi.
Un bloc, ici, c'est un petit immeuble de 2 ou 3 étages en briques rouges, avec une cour à l'arrière, des balcons des deux côtés, un grand appartement au RDC, en général occupé par les propriétaires , et ensuite deux appartements plus petits par étage.Moi j'ai celui de gauche.Celui de droite étant occupé par le corps de ma voisine et l'esprit de Raymonde.
Mais je me rends compte que je n'ai encore jamais fait l'effort de me décrire ni de dire à quelqu'un qui je suis.
En fait, on m'a jamais demandé non plus et, mis à part apprendre à connaitre mes amis "sur le tas", je ne pense pas avoir déjà demandé à quelqu'un: "Qui es-tu?"
Je pense qu'on m'aurait regardée de travers de toute façon.
(Comme jeudi soir, où j'en ai appris une bonne tiens, je parlais avec le mec d'une amie et il me dit en parlant d'une de leurs connaissances " tu sais, elle, elle est conne.Elle arrive dans une soirée, et elle vient me voir et elle me demande "ça va toi, quoi de neuf?".Jusque là je trouvais ça normal moi.Ben non. Si tu dis ça à un mec il te trouve conne apparemment.
Faudra que je m'en souvienne.)
En plus,il faut dire que si il y a moi, il y a forcément mon chien.Il est une sorte de "moi auxiliaire".Oui, il est comme moi.Il rit des même blagues.Sauf que moi je ris la bouche ouverte et lui il rit les fesses en l'air et les babines retroussées.
Des fois il est très énervé, surexcité, heureux et des fois il ne fait que dormir. Comme moi.
(Putain, je me cherchais un repère pour pouvoir parler de moi, et je suis entrain de me comparer à mon chien.Mais bref.)
Bon, je vais essayer une autre technique parce que là, je séche.

Des fois, quand je me vois dans les vitrines, j'ai l'impression d'être Lenny Kravitz dans sa période manteau brillant à poils et pattes d'éléphant.
Des fois, je ressemble à un témoin de Jéhovah avec mon pantalon thaïlandais.
Mais je crois que le moment où je me ressemble le plus, c'est quand je suis à quatre pattes chez moi entrain de fabriquer quelquechose, de découper du carton pour faire une maquette, quand je suis à ma table à dessin les doigts recouvert de crayons comme quand j'avais 5 ans .
(D'ailleurs, j'ai jamais compris pourquoi en CP, mon feutre rouge était toujours vide avant les autres feutres, ou pourquoi c'est toujours ce feutre que je perdais.Alors j'ai dû user de nombreux stratagèmes pour m'introduire dans la classe pendant une récré pour aller essayer les feutres rouges de mes camarades et en trouver un potable.)

D'autre part, si tu as un bloc ici, tu as une rue devant, et tu as une ruelle derrière.
La ruelle c'est sacré.C'est là que tu sociabilises.D'autant plus que si tu as un chien, c'est là que tu le sors et c'est là que tu passes ta vie à ramasser ses crottes sous peine d'avoir une belle amende ou une armée de voisins énervés qui se détestent d'habitude mais qui, une fois alliés dans la cause anti-crottes, deviennent une menace redoutable.
La ruelle te permet de voir chez tout le monde l'hiver puisque la neige te hisse par dessus les clotures.
Et l'été, les rassemblements de fumeurs de cannabis qui sortent leur chien font preuves d'une exquise générosité.
Faut dire aussi que pendant 2 ans, j'étais entourée d'homosexuels dans le voisinage.
C'était bien,personne ne risquait de fantasmer sur les strings de ma corde à linge, je pouvais me promener toute nue chez moi sans fermer les rideaux.
Par contre, le risque de se faire dire sans détour qu'aujourd'hui on est A-F-F-R-E-U-S-E était constant.
En fait, c'est pas ça que je voulais écrire.C'est bizarre, je sais pas d'où je suis partie et je sais pas comment je suis arrivée là.