Je sors boire un verre où j'ai l'habitude d'aller avec une de mes amies.
Nous nous installons, les bières arrivent.
Tout va bien.
Je suis face à la porte du bar.
Je me sens défaillir quand le garçon qui ne m'appelle plus depuis quelques temps déjà, trop de temps pour mon coeur, franchit la porte accompagné d'un individu de sexe féminin.
Je vois rouge. Je n'y crois pas. Il ne sort jamais sur cette rue, ce n'est pas son coin, mais il est là, me voit, fait demi-tour instantanément et sort avec sa nouvelle conquête, le visage déconfit.Il m'a vue ,s'enfuit et son visage s'est transformé en un instant. Lui? une émotion?
Je bouillone, je tempête, je rage et je me remplis d'adrénaline en un centième de seconde.Je suis heureuse de l'avoir plongé dans un tel malaise. Je sais que sa soirée est déjà compromise rien que parce qu'il m'a vue.
Mais ça y est, je dois en profiter, mon cerveau se met à fumer........
Son heure a sonné. Je dois le confronter. Mais je doute, j'ai peur, je n'aurai pas le courage de faire quoi que ce soit. J'en tremble.
Je me doute qu'il n'ira pas très loin, que trouver une excuse pour s'éloigner trop ne tiendrait pas la route auprès de la "nouvelle" puisqu'il fait moins 15 et que le rue est pleine de bar.
Je me doute qu'il s'arretera au prochain.
Je finis mon verre et embarque mon amie vers le bar suivant.
J'avais raison, ils y sont, côte à côte......Il est sublime.Elle est banale. Je suffoque.Je recule, non je ne peux pas. Je ne serai pas capable.Mais j'y vais.J'en ai besoin, je me le dois. Il m'a volé quelquechose de précieux, je dois aller le récupérer.
Il nous voit entrer, mais nous ne le regardons pas. Je frissone à l'idée du second malaise que je provoque en lui, je savoure l'inquiétude qu'il doit ressentir............Je n'attends qu'une chose, que la fille se lève pour aller aux toilettes.
Je me décourage, leurs verres sont vides, ils vont s'en aller. Son angoisse aurait pu me suffire, mais j'ai décidé de lui rendre la monnaie de sa pièce, d'avoir le courage d'assumer mon envie d'agir.Je veux le déstabiliser.
Je me dirige vers le bar et commande un verre de sa boisson préférée en demandant au serveur d'offrir ce verre au jeune homme que j'indique. Il en aurait blêmi.
Entre temps, la chance me sourit à nouveau, la fille se rend aux toilettes!!!!J'annule le verre.
Je fonce et m'assoit à sa place.......tout contre lui. Je peux sentir son odeur, il est penché et lève la tête....se rend compte que celle qui est si près de lui n'est pas celle qu'il attendait......Ses yeux plongent dans les miens.
Je jouis.
Il me regarde avec des yeux chargés de stupeur. Il est livide.
Il est en colère, coincé, piégé, eu.
Méchant d'être humilié.
Je reste digne et calme dans tous mes mots. Je ne sais même pas d'où ils viennent puisque je me sens sans voix.
Je reste digne, inébranlable. Peu de mots pour tant de maux .....Les miens sont respect, politesse, lâcheté. Il reçoit. Ça y est, touché. Enfin. En deux mois, c'est ainsi qu'il a fallu que je te touche. Il est méprisant dans les siens.
Je goûte au " je pensais que tu aurais compris le message"..........etc......
La fille revient, me voit assise à sa place.
Il est beau le mec qui te drague ce soir ma belle. J'ai eu la même chose, dans les même lieux, il buvait la même chose.
Je n'ai rien dit à cette fille. Pas rapport.
Je me lève quand elle est à 2 mètres de nous, souhaite une bonne soirée à ce cher garçon, et retourne m'assoir.
Je ne suis qu'adrénaline.
Ils se lèvent instantanément et s'en vont.
J'ai les larmes aux yeux, le fou rire au bord des lèvres, un mal de coeur aigu, j'ai chaud j'ai froid je tremble je vais vomir ou mourir.
J'ai réussi. Je ne peux même pas encore y croire. Qu'on me dise que je suis allée m'assoir à la place de cette fille.....je ne peux y croire.
Je suis extrêmement fière de moi.
Je suis une folle, oui, mais je suis une FEMME.
Il a du passer une des pires soirées de sa vie, il doit même y penser encore, et il y pensera encore demain.
Je me suis fait justice, j'ai réparé mon orgueil, j'ai retrouvé le respect de moi qu'il avait refusé de m'accorder. Je ne suis pas une petite conne soumise qu'on peut traiter comme ça, qu'on peut blesser sans vergogne, qu'on peut offenser. C'était trop. La fameuse goutte d'eau.
DIGITALI.
Les mystères ne cachent pas toujours de trésors.........Lui a sonné très creux devant son verre vide et mes yeux plantés dans les siens.

Bye bye.