On marchait sur Ocean Front walk. Los Angeles, Californie.
La béatitude nous avait déjà gagnées depuis plusieurs jours , l'eau salée du Pacifique collé les cheveux, le sable recouvert la peau.
Quand nous les avons vu, nous n'avons pas hésité.
De toute façon, nous n'avons jamais hésité ici.
Ils formaient un cercle dense sur le sable pâle encore tiède.
Ils étaient de toutes les couleurs. Les tam-tams de tous les sons, de tous les continents.
Le temps , d'une autre époque.Une autre dimension.
Nous nous sommes approchées, nous nous sommes assises.
Nous avons dansé aussi.
Avec le chaman, avec le ninja, avec le Ari-Krishna, avec le vieux hippie au t-shirt tye and dye, avec la fille-serpent aux cheveux verts, avec les rasta-men et avec les autres aussi.
Ils se sont tous tournés vers le soleil quand il a commencé à descendre derrière la colline de Santa Monica. Même l'océan déchainé semblait invisible quand le chaman a pointé le soleil couchant avec son baton croche.
Tous se sont tournés, nous nous sommes tous tournés, nous nous sommes tous tus.
Nous avons tous vu, nous avons tous su que ce que nous vivions n'existait qu'au fond de chacun d'entre nous, mais que cela n'existait que parce que nous y étions.
Oui, nous y étions.
Je sais maintenant que cela existe et je sais aussi où se trouve le centre de l'univers.
Il était là-bas,nous l'avons tous su, à un instant précis.
Nous l'avons tous emmené avec nous.
Il n'est plus nulle part, parce que nous n'y sommes plus.