Mon dieu que cela semble louche, lourd et sale.

Un pied devant l’autre, allons-y , allons voir ce que renferme cet immeuble à l’allure infâme. Il est gris, la porte ne grince même pas, trop de gens ont déjà dû passer.
Je monte les étages, les marches de l’escalier ne sont d’aucun matériau, on aperçoit les vestiges d’un plancher.
J’entends de la musique, je m’approche de la porte.
J’entre et personne ne me prête attention.
Ils sont une quinzaine, torse nu ou en camisole étroite.
Ils frappent en silence, seuls résonnent le bruit des coups sur les coussins.
Je me fraye un chemin entre les sacs de sable qui pendent du plafond ,immobiles.
Je m’accroche à l’un d’eux pour me ressaisir et je fais le plein de cette odeur ennivrante.
Ça sent l’homme.

L’un d’entre eux vient de m’apercevoir et il s’approche sourire aux lèvres, nez cassé depuis toujours.
Je l’ai vu bouger avec les autres, leur donner des conseils, leur montrer les enchainements.
J’ai senti ses muscles sous ma peau se tendre pendant l’effort.
J’ai vu l’agilité des coups portés, la puissance.
C’est à lui ici………….L’odeur aussi?
J’ai l’impression d’être une hormone, de suinter la femelle, je veux des gants, je veux qu’il m’apprenne.
Je l’écoute nous vendre un abonnement mais mes yeux s’égarent sur le ring où des muscles se tendent en des mouvements secs et maîtrisés, où la sueur perle.
La sueur dans les cheveux de l’autre, le son de son souffle lorsqu’il se contracte.
Ce n’est pas une école, c’est un désir.
S’imaginer alors……frotter les planchers, cogner contre un sac de sable quand son bassin se carre dans le nôtre.
User les bancs de bois dépareillés, les polir jusqu’à ce qu’ils redeviennent brut, que nous redevenions bruts. Que la soif arrive, qu’il fasse chaud à n’en plus pouvoir et qu’on se glisse dans les vestiaires pour épancher nos feux.
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Et que le monde s’écroule.