Elle, elle est de ses femmes qui vibrent.
Haïssez la, aimez la, vous la ferez vivre ou la ferez mourir.
C'est une tension. Tantôt en mouvement, dans son effervescence, puis à l'envers, dans sa mélancolie.
Elle est un de ses êtres qui dégagent et absorbent.
Elle peut passer inaperçue, vous l'avez croisée d'ailleurs, hier sans vous en apercevoir. Elle peut rayonner et vous envoûter, créer en vous une attraction démente. Selon les jours. Attendez-la.
Elle absorbe si elle vous choisit. Elle reçoit de vous et peut le garder précieusement au chaud en elle.

Elle se promenait, il lui a parlé. De tout de rien.
Il lui a posé une question. Alors elle l'a vu.
Oui, j'oubliais, elle est de celle qui croit à ce qu'elle voit, même si elle est la seule. Surtout si elle est la seule. Elle croyait à ce langage occulte de la certitude que l'autre est riche de sa spécificité. Elle aime la spécificité exacerbée.
Il lui a présenté la sienne.
Alors leurs deux tensions se sont rencontrées, pour en créer une autre plus calme, mais très fragile.
En équilibre entre leur capacité limitée à dire sans se dire, à montrer ce qu'on cache.
Ils se sont affrontés.
Mais elle a continué à croire en ce qu'elle avait vu. Elle avait vu l'intérêt d'aller voir en lui. Il savait qu'elle avait vu et qu'elle allait entrer. Il ne voulait pas, mais elle l'a convaincu.
Ils ont cru faire un pas de plus , mais ils s'étaient déjà fait peur.
Elle s'est fermée et lui l'a laissée faire.
De fil en aiguille ils se sont éloignés et il a disparu.
Il l'a empêchée de le rattraper. Il est de ceux qui ne croit qu'en eux.
Il est de ceux qui vivent selon leurs règles, dans leur monde et loin des autres.
Il est la solitude et il sait la vivre.
Il ne veut pas d'une autre tension que la sienne. Celle des autres le perturbe et le complique. Il en souffre et ne veut pas connaître d'autre vibration que la sienne. Il recherche une paix que lui-même ne saurait créer.
Alors il a a fait marche arrière. Il a fait l'effort de sa vie de retourner vers elle.
Il s'est abandonné et lui a tout donné.
Il a dit qu'il montrerait, qu'il se laisserait apprivoiser.
Il n'a pas eu peur qu'elle ne soit plus là car il savait qu'elle est de celles qui sont fidèles à leurs émotions, de celles qui n'ont pas peur du risque de se donner. Il savait qu'elle avait vu qu'il renfermait un secret et qu'elle voudrait savoir.
Il a pris le temps dont il avait besoin, le temps d'être loin d'elle pour pouvoir y revenir, quand il pourrait.
Le temps de cesser de se méfier de lui-même pour lui faire confiance à elle. Alors ils se sont revus, ils ont eu du mal au début.
Ça a été dur de tirer un trait sur leur mauvais départ. Elle restait loin, comme habituée à évoluer dans sa périphérie à lui, loin pour ne pas qu'il l'avale.
Et elle lui a dit, finalement.

"Pourquoi ai-je la sensation que tu m'englobes entièrement?".

Il l'a serrée, ne l'a pas embrassée. Il l'a avalée.
Alors de l'intérieur de lui, elle a vu qu'il pouvait y avoir une paix entre eux. Qu'ensemble ils l'avaient fait cette paix.
Ils ont pu enfin souffler. Ils se sont apprivoisés. Ils ont alors pu se connaître en entier, et ils ont aimé ce qu'ils ont su.
Ils ont aimé passer par dessus tout ça, ils ont aimé qu'elle ait eu la foi.
Ils ont aimé qu'il ait été assez étrange pour revenir en toute incohérence. Ils ont aimé que ne pas attendre les ai ramené l'un à l'autre. Ils ont vu que tout était possible, que même ce qui ne peut pas raisonnablement se produire est meilleur que ce que l'on attendait plus.
Ils sont la preuve que la vie n'est pas si mal faite, que l'on peut croire que ce qu'on attend arrive, que l'espoir n'est rien qu'une succession de faits.
Elle a eu la preuve que son instinct n'était pas si mort, elle a eu la preuve qu'il faut croire en ses rêves.
Ils ont réussi contre toute attente, contre la raison, à se retrouver.
Et ils vont même réussir à s'aimer. Parce que cela devait arriver, dès le premier jour. Parce que leurs premiers gestes ont été les seuls à être vrais et si proches de ce qu'ils sont. Ce sont les premiers qui ont été les plus spontanés, qui ont parlé dans leur vérité, parce qu'ils ne s'inquiétaient pas encore. Les suivants étaient déjà empreints de leurs questions, doutes et peurs. Les premiers demeurent alors les seuls dont ils se souviennent puisqu'en ce temps ils étaient eux-même l'un face à l'autre. C'est là qu'ils s'étaient vraiment parlé. Il lui avait dit en la touchant qu'il aurait besoin d'elle. Elle lui avait répondu en le serrant et il avait compris.
Elle avait vu ses yeux briller quand il la regardait, plein de l'envie de la connaître encore. Seuls ces moments là se chargeaient de ce qu'ils étaient, c'est là qu'ils s'étaient rencontrés. Ils ont cru l'avoir perdu, ils l'ont re-créé, parce qu'ils avaient ENVIE. Ils ne se sont pas laissé faire par la vie. Ils n'ont pas cédé à sa logique, ils n'ont jamais cru au définitif. Ils ont cru en leur vision des choses et ont suivi leurs élans, plutôt que de céder à la logique du c'est perdu. Ils ont contournés l'histoire qui était déjà écrite, et mal écrite selon eux, pour romancer cela selon leur goût à eux.
Vivre sans céder. Suivre ses élans , et se dicter soi-même.